L’émancipation de la femme en Afrique commence par son assiette !

Article : L’émancipation de la femme en Afrique commence par son assiette !
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4 octobre 2012

L’émancipation de la femme en Afrique commence par son assiette !

L’une des principales raisons militant dans l’alimentation des populations des peuples antiques (Romains, Celtes, Egyptiens, Grecs) étaient essentiellement dû aux croyances.  Les théories médicales d’alors ont influencé durant des siècles, les choix alimentaires de nombreuses personnes. Les croyances religieuses ont joué un rôle considérable dans l’histoire de l’alimentation, auprès des populations primitives. Les gens étaient liés à des tabous soit par choix, par tradition ou, plus simplement par conviction religieuse, professionnelle ou philosophique. Les stoïciens par exemple, pratiquaient l’ascétisme. Les adeptes de Pythagore étaient convaincus que les âmes des défunts étaient réincarnées soit sous forme humaine ou animale, étaient de ce fait, végétariens.

L’on observe jusqu’à ce jour, cette même constance dans les traditions alimentaires d’autres peuples en dehors de la méditerranée comme en Inde ou dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne. S’il est difficile d’établir une corrélation entre les similitudes de ces croyances entre les populations africaines contemporaines et européennes antiques, il est cependant à noter que si pour les premières, les choix et interdits alimentaires étaient plus la conséquence de considérations à la fois religieuses et personnelles, dans les secondes, elle fut la combinaison à la fois des croyances religieuses et de l’évolution d’une médecine encore tâtonnante.

 

La santé dans l’ancien monde était la résultante selon la médecine de l’époque de l’harmonie entre quatre fluides. En retour, ceux-ci étaient liés aux quatre autres éléments (la terre, l’air, l’eau et l’air), qui étaient à leurs tours transposés en froid, chaud, moite et sec ; et reliés de nouveau aux saisons.

 

Selon les érudits de l’époque, la nourriture et la boisson consommée par une personne, influençaient fortement sur l’humeur et la santé. Les humeurs déterminaient dès lors le régime alimentaire d’une personne, le genre de maladie qu’elle était susceptible de contracter, ainsi que sa personnalité.

 

Les personnes à sang chaud devaient par exemple manger des aliments correspondant à cette nature. Les médecins s’adonnaient dès lors la plupart du temps, dans leurs consultations, à administrer des traitements, généralement à base de plantes, ou des aliments et des boissons spécifiques, afin d’améliorer l’état de leurs patients.

 

Le cas du Jujube est illustratif. Arbre produisant des fruits qui, une fois séchées sont utilisées comme sucreries ou dans les pâtisseries ; importé des Indes vers la Méditerranée, Il fut dépeint comme aliment à faible valeur protéinique pour l’homme. Une insuffisance qui, de ce fait, en fit un fruit dont la consommation fut réservée uniquement aux femmes et aux enfants.

 

 

La variété des théories, étant fonction des cultures et des systèmes traditionnels intrinsèques à chaque peuple, ont amené à des interdits s’adressant à des minorités comme les femmes, les personnes âgés ou encore les enfants.

 

Les femmes par exemple, dont la constitution biologique était supposée être plus froide et sèche, se voyaient recommandées dans certains cas, par exemple, des aliments chauds, contenant peu de liquides et non saturé d’épices. Elles devaient également éviter suivant certaines régions, les poissons, la graisse et toute viande issue d’un animal nouveau-né. Suivant la théorie des quatre fluides, trop de vin leur était préjudiciable et une trop grande quantité de viande, aurait comme effet secondaire, d’aiguiser leurs appétits sexuels.

 

Il apparait de plus en plus cependant que, dans la structuration du monde antique du bassin méditerranéen, à forte dominance patriarcal, les femmes, de quelque condition sociales elles fussent, aient accès à moins de nourriture que les hommes, à moins qu’elles soient issues, des milieux aisés de la société.

 

 

Bien que toutes ces sociétés aient évolué, nous observons encore, dans plusieurs pays du monde, principalement dans les coins plus ou moins reculés d’Afrique subsaharienne, des femmes qui se voient refusées de consommer certains mets, tabous qui s’ils sont brisés sont suivants les coutumes, sources de plusieurs maux : maladies, stérilité, sécheresse, catastrophe naturelle ou autres calamités, pour la communauté au sein de laquelle vit celles qui enfreindraient ces interdits sacrés.

 

Bien sûr, plusieurs études anthropologiques sérieuses ont su démontrer, qu’il ne s’agit dans la plupart des cas en réalité, que d’un machisme institutionnalisé, qui continuent à résister farouchement aux plaidoyers et nouvelles approches d’émancipations féministes en vogue sur le continent.

 

Dans d’autres cas, il est la résultante d’une tradition mystico-philosophique transmise de génération en génération et sur laquelle se fonde l’équilibre social de la communauté. En RD Congo par exemple, certaines tribus comme les Humbu du Bas-Congo, interdisent aux femmes de consommer des animaux comme les tortues, les serpents, ou certains types de poissons locaux, pourtant très prisé par les hommes pour leurs qualités nutritives. Transposée jusqu’à nos foyers contemporains, où, le père de famille, se voit réservé les meilleurs parts d’un repas, la conception alimentaire est jusqu’à aujourd’hui en Afrique, l’héritage de cette étonnante symbiose entre des impératifs religieux et la prépondérance idéologique de la supériorité « éternellement acquise » de l’Homme sur la femme, instituée depuis la nuit des temps aussi bien dans les sociétés pré-antiques que de celles dominées par les religions révélées (Christianisme, Islam, Judaïsme).

 

Serions-nous donc là en présence d’un ordre naturel irréversible ? Si les conservateurs des traditions affirment que cette hiérarchie est identique chez tous les êtres vivants (même chez les animaux) et qu’il en serait également de même jusqu’aux cieux (pour les croyants), les féministes quant à elles, se battent pour prouver qu’il ne s’agit que d’un état d’esprit baigné de préjugés et qu’elles tentent de faire évoluer à un équilibrisme social, équilibre qui prône aujourd’hui l’égalité parfaite entre les hommes et les femmes.

Une bataille pour l’égalité aujourd’hui qui, bien au-delà du volet spécifiquement socioprofessionnelle, doit avant  tout se gagner « dans les assiettes des femmes africaines ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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