L’Afrique du Secret : entre Maraboutisme sécuritaire et technologies modernes

29 septembre 2012

L’Afrique du Secret : entre Maraboutisme sécuritaire et technologies modernes

En ce 21ème siècle, de nombreux défis sont venus relever avec acuité la problématique sur la définition et la mise au point de stratégies de conquêtes du pouvoir. Ces procédés alliant les normes traditionnelles et modernes de propagande et de visibilité, sont ces dernières décennies, associés à d’autres qui eux s’articulent sur la collecte et le traitement optimal de l’information en vue d’assurer l’idéal de tout regroupement : la conquête du pouvoir.

 

Pour y arriver, les analystes misent de plus en plus sur la maitrîse de l’information en tant qu’élement capital pour la détermination et l’orientation des stratégies à adopter dans des situations diverses.

Dans un exemple plus concret, une Agence de Renseignement qui collecte des informations vitales pour la sécurité d’un Etat aura joué un rôle déterminant si ledit Etat utilise cette information afin d’en tirer profit. L’on ne citera pas assez d’exemples où le renseignement a su jouer un rôle décisif dans un environnement déterminé.

 

Pour mieux illustrer cette assertion, prenons l’exemple atypique de trois sociétés étrangères : américaine, française et egyptienne, qui soumissionnent pour l’obtention d’un marché public émis par le Gouvernement d’Arabie Saoudite.

Afin de s’assurer toutes les chances de leurs côtés, les trois sociétés adoptent une démarche séparée pour obtenir le marché.

La société française recourt à un cabinet d’affaire pour lui apporter son soutien à la conclusion de ce marché, la société américaine elle, possède en son sein une équipe interne spécialisée dans l’espionnage économique et industrielle, tandis que la dernière (egyptienne) recourt aux services secrets egyptiens.

Une importante chaine de télévision, annonce les différentes tractations en cours et parle d’un marché évalué à 100 millions de dollars.

Le Cabinet d’affaire se contente de contacter des personnes influentes au sein de l’Administration et du Gouvernement Saoudien, pour influencer leur décision en faveur de leurs clients.

Les services secrets égyptiens, hormis leurs multiples entrées dans les différentes arcanes de l’Administration Saoudienne, utilise également la voie diplomatique en mettant sur la scellette l’Ambassade égyptienne à Riyhad pour obtenir les faveurs saoudiennes.

 

L’équipe interne américaine quant à elle, dispose de moyens techniques suffisants pour espionner tout le monde : les français, les saoudiens et les égyptiens. Grâce à toutes ces informations combinées, ils peuvent mieux orienter leurs actions et effectuer un plaidoyer ciblé sans disperser leurs ressources et leurs énergies.

 

Ce type d’espionnage est une combinaison de ressources humaines et de moyens techniques pour obtenir des informations précises et détaillées dans n’importe quel domaine. Il a porté des fruits dans plusieurs domaines notamment dans l’économie pour les négociations ou l’interception de procédés technologiques ou d’autres types d’informations vitales, ou en politique, dans la collecte de données vitales ou dans la protection de ceux-ci.

 

C’est la guerre froide et les multiples défis qu’elle imposait aux services de renseignements des deux protagonistes (américains et sociétiques) qui a redéfni l’ensemble des méthodes d’analyse et de collecte du renseignement allant jusqu’à diversifié leurs champs d’applications.

Alors que les moyens humains étaient l’une des principales voies utilisée dans ce domaine, le progrès technique a remodélé les choses et permis d’inclure des techniques parfois simples, ou très complexes.

 

En Afrique cependant, cette remise en cause des concepts analythiques et techniques de collecte et de traitement de l’information dans la communauté du renseignement bat de l’aile. Que ce soit dans le domaine public (avec les services de surêté étatique) que dans le domaine privé (les cellules internes de certaines entreprises et organismes supranationaux, les structures et regouprements politiques en faisant usage), les procédés traditionnels continuent à être appliqués malgré les différentes mutations observées dans l’environnement international.

C’est ainsi que l’on entend fréquemment parler du recours récurrent au fétichisme dont les résultats bien qu’ils soient parfois probants ne constituent pas un procédé fiable pour faire face aux nombreux défis que posent aujourd’hui l’émergence de nouvelles menaces. Bien que les marabouts et autres cliniques divinatoires usent d’esprits (djinns) pour traquer, retrouver ou orienter des enquêtes et des investigations, chose très fréquente dans les services spécialisés de nos pays (Forces spéciales, Armée, Surêté), ces « détectives psychiques » reconnaissent néanmoins que leurs actions peuvent être contrées par les personnes visées qui peuvent soit, faire échouer l’enquête ou soit aiguiller les enquêteurs sur des mauvaises pistes.

Il est ainsi fréquent que des innocents croupissent dans les geôles des services spécialisés car, ayant été désigné comme coupables dans ces officines secrètes, leurs culpabilité ne faisant aux yeux de ces services aucun doute.

 

Pourtant, les limites existent. L’assaut des rebelles Enyele dans la Capitale de la Province de l’Equateur, en République Démocratique du Congo, en 2010 en est une illustration. Les Autorités avaient été totalement pris au dépourvus car elles s’appuyaient sur les conseils de leurs détectives psychiques qui ne prédisaient pourtant aucune menance imminente.

La croyance populaire en ces pratiques est tellement ancrée dans les mœurs jusqu’au plus haut sommet de la Hiérarchie, que même les leaders politiques, lorsqu’ils accèdent au pouvoir, recours aux mêmes procédés.

 

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