Les sites Internet en Afrique et la caste des Maitres du Web !

Article : Les sites Internet en Afrique et la caste  des Maitres du Web  !
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29 septembre 2012

Les sites Internet en Afrique et la caste des Maitres du Web !

Internet a élu domicile en Afrique et passe pour la technologie incontournable à assimiler par tous en ce troisième millénaire. Qui dit Internet en Afrique, fait inexorablement allusion entre autre au nombre d’usagers, mais aussi et surtout aux applications que ceux-ci utilisent lorsqu’ils sont sur la Toile.

Si la messagerie électronique et les réseaux sociaux occupent plus de la moitié du temps des utilisateurs du continent, le développement des sites web commencent à s’intensifier, augmentant considérablement les contenus africains sur la Toile.

Là pourtant, en comparaison au premier Eldorado technologique, où le continent noir s’était rué dans l’usage des réseaux des réseaux, la création des site internet, une profession connue sous le vocable de « webmastering », lui-même dérivé de webmaster qui signifie littéralement « Maitre du Web », connait un antagonisme entre d’une part, « des puristes », pionniers de cet art et utilisateurs quasi systématique des codes et des « newbies » ou nouveaux, qui eux, préfèrent aux vieilles techniques, l’utilisation de logiciels ergonomiques qui font presque tout le boulot à leurs places.

C’est cette démarcation nette entre ces deux catégories de « maitres » qui font que les sites internet « made in Africa », suscitent beaucoup d’appréhension et de critiques auprès des autres professionnels du secteur affirme Clarisse Mputu, membre de l’Association des webmasters du congo (AWEC). D’après elle, les sites Internet africains sont pour la plupart trop remarquables par leurs excès de dynamisme (animations flash, aucune ergonomie, des liens morts, l’absence de charte graphique prédéfinie et par-dessus tout, des mises à jour irrégulières). En République démocratique du Congo, si quelques Institutions supérieurs et universitaires, dispensent des cours spécialisés, le contenu de ces matières font fi de toute rigueur et laisse beaucoup plus l’initiative aux apprenants qui, en l’absence de méthodologie uniforme, se livrent chacun à sa manière à créer des sites Internet au mépris de plusieurs règles élémentaires, affirme avec force la webmestre en chef de l’AWEC.

Dispensé dans des écoles d’arts, d’audiovisuels et de journalisme, le webmastering est une technique dont l’encadrement n’éveille nullement la conscience des professionnels du secteur, de plus en plus nombreux à se partager un marché en plein essor ; en témoignent les multiples agences dédiées à ce business. Aujourd’hui, tout organe de presse ayant pignon sur rue dispose de son site Internet. Les agences gouvernementales et les organismes gouvernementaux ont quant à eux, suivi ce rythme. Certains, par simple mimétisme, et d’autres par contrainte (plusieurs Ong se sont vus contraindre par leurs bailleurs de fonds, de se dôter d’une vitrine sur Internet).

A Kinshasa par exemple, une grande société de télécommunication qui recrutait des PME sous-traitantes, exigeait parmi ses conditions, l’existence d’un site Internet. Si cette culture des sites Internet s’est ancrée profondément, l’amateurisme dans ce secteur règne malgré tout, confie un webmaster travaillant dans une agence spécialisée. Des webmasters formés sur le tas, assimilent cette technique à un traitement de texte assisté. Les gestionnaires de contenu sont utilisés sous leurs formes les plus basiques. Dreamweaver, conçu par la société Macromedia, est l’éditeur le plus sollicité par ces webmestres de la nouvelle génération. Mais à quel prix ?

Très souvent, les webmestres ne prennent aucune disposition pour sécuriser leurs postes de travail, là même où sont conçus les pages des sites qu’ils se préparent à charger sur les serveurs de fichiers. Cette négligence a une incidence directe sur la réputation de leurs clients. Il n’est ainsi pas étonnant de voir des anti-virus bloquer l’accès à des pages web dans lesquelles de codes malveillants sont détectés.

C’est ainsi que très souvent ni les webmasters, ni les propriétaires des pages bloqués, ne sont informés que leur site est indexé dans la liste noir des sites à risques !

Les dernières victimes en date et non des moindres sont à répertorier à Kinshasa, dans le Daring Club Motema Pembe, une grande équipe de football de la ville, mais aussi, et c’est là où le bas blesse, à la Présidence de la République, où le site Internet du Président a pendant plusieurs mois été bloqué sur les postes de travail utilisant 4 familles d’antivirus différents (Norton, Avira, Avast, Nod32).

N’eut été l’actualité sur la tenue du XIVème Sommet de la Francophonie à Kinshasa le 14 octobre, où plusieurs médias nationaux et étrangers se réfèrent constamment au site du Président pour se tenir informés, il en aurait peut être encore été ainsi. A cela vient s’ajouter le libéralisme sauvage entretenu par le contexte socioéconomique du pays. Quel doit être la rémunération pour la création d’un site Internet ?

Là aussi les opinions divergent et les agences spécialisées plaident pour une uniformisation des tarifs pour sauver la profession du naufrage. Entre 1999 et 2005, le prix moyen pour créer un site Internet avoisinait les 1500 dollars. A cette époque les webmasters étaient peu nombreux et la demande était généralement le fait de sociétés privées et d’Organisation non gouvernementales. Aujourd’hui, beaucoup ont embrassé la profession non pas par conviction, mais par nécessité et ont saturé le marché de l’offre dans les grandes villes comme Kinshasa ou Lubumbashi. C’est ainsi que les prix ont sensiblement baissé, passant sous la barre des 500 dollars. Pour une agence Web devant supporter des charges récurrentes (Selon l’AWEC, en 2007 une agence Web devait supporter en moyenne 17 taxes différentes), la rentabilité de la profession est sérieusement menacée par ces « freelances ».

Le Ministère congolais des petites et moyennes entreprises, avait en octobre 2011, initié une série de proposition pour renforcer la compétitivité des PME et stimuler la croissance. Parmi ces propositions, figurait une amnistie fiscale d’une année, en faveur des petites entreprises œuvrant dans le secteur des nouvelles technologies. Si l’initiative était bel et bien louable, les PME congolaise ont vite dû déchanter devant le refus net des structures génératrices des recettes pour le compte du Gouvernement.

Quant à la dimension citoyenne du Web, le nombre de sites personnels ou de blog privés est très réduit. Les réseaux sociaux ayant pris le relais de l’expression des citoyens notamment des jeunes sur des sujets allant de leurs vies privées à des thématiques plus précises. Dans un contexte aussi précaire, être « Maitre du Web » en Afrique en général, et en République démocratique du Congo en particulier, est au-delà d’un véritable parcours du combattant, une très longue initiation !

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